Je suis développeur depuis 13 ans et commence à avoir un peu de bouteille. J’ai passé 8 ans dans des ESN. J’apprécie autant de travailler sur un projet sur le long terme que de changer régulièrement de lieu de travail, de collègues et d’environnement. J’ai toujours espéré trouver dans les petites ESN des règles plus souples que dans les entreprises classiques. J’ai parfois entendu des paroles, mais jamais constaté d’acte. Je vais donc passer indépendant pour gérer mon temps de travail comme bon me semble.
Création de l’opportunité
13 juin 2019, 18h13, 6e arrondissement, Marion Cotillard prend l’apéro dans le quartier. Je sors du bureau de mon responsable, je viens d’apprendre que ma période d’essai était rompue à l’initiative de mon employeur. Ça signifie que je vais être au chômage. Avec des indemnités. Au tout début de l’été. Ça ne fait jamais plaisir de ne pas faire l’affaire, mais je sais que les torts sont partagés alors : Wouhou, trop cool ! Allez, c’est décidé, je laisse passer l’été et je me lance enfin dans le monde de l’indépendance ! 3 ans maintenant que j’y pense.
Petite précision avant de continuer, je ne suis sûr ni des dates, des heures et des prénoms qui ont précédés, ni de ceux qui vont suivre. Ainsi toute ressemblance avec des personnes ou des moments existants est peut-être fortuite ou pas.
Courant juillet, je prépare mon avenir de freelance : prise de rendez-vous avec un comptable et je me renseigne sur les différentes formes sociales de la société. J’ai même le nom de la future boîte, un truc avec les premières lettres des prénoms de mes enfants. Ça donne un truc stylé qui fait penser à un nom de village alpestre italien… Tiens c’est marrant, comme mon ancienne boîte, un cabinet de conseil réputé sur la place parisienne. Passons, je profite de ces démarches et de ces beaux-jours pour aller voir (surtout boire un coup) avec quelques anciens collègues / éventuels futurs partenaires. Bon, bah je crois que tout ça s’annonce sous les meilleurs auspices. J’ai de l’expérience, du réseau et je me débrouille pas trop mal en entretien.
Mais qu’est ce qui va bien pouvoir se passer pour que cette histoire mérite l’effort d’avoir été écrite ?
L’indépendance, un choix de raison ?
Si je veux passer indépendant c’est parce que je souhaite depuis longtemps orienter mon équilibre travail/congés vers plus de congés. Si l’ESN qui me salarie fait son beurre en partie grâce à moi, alors je peux bien prendre un petit congé sans solde de temps à autre, non ? À qui ça fait du mal, à part ma fiche de paye ? On m’a expliqué plusieurs fois le pourquoi du comment, mais ça ne rentre pas.
D’un autre côté, faire ma compta, bof, ça ne me chauffe pas trop… Puis, bosser tout seul, pour ma boîte, ce n’est pas non plus une idée qui me botte des masses. Un peu trop grégaire pour être indépendant peut-être.
On dirait que je veux le beurre et l’argent du beurre. Plus de souplesse mais pas de paperasse. Arbitrer seul mon temps de temps travail, mais avoir des collègues. Je veux être indépendant, mais je ne suis pas indépendant par nature.
La découverte de Shodo
Dans ma tournée des anciens collègues, des gens avec qui j’avais envie de boire un coup, juste pour donner et prendre des nouvelles, je me retrouve à partager quelques bières en compagnie de deux malgaches de l’IT, Guillaume et Jonathan. Le cadre est idéal, terrasse petite, mais en rooftop, plein centre de Paris, soleil et bières tièdes.
Après les salamalecs d’usage, je leur apprends que je vais passer indep, ils m’apprennent qu’ils viennent de monter leur agence de conseil SHODO. Ok cool, chapeau les gars. D’un nouveau genre me disent-ils. Ils ont l’air d’y croire à fond en plus les gars. Ah ouais, vraiment ? Alors ok, je me cale au fond du fauteuil, je plisse les yeux genre concentré et j’écoute attentivement la déballe.
Shodo, des arguments intéressants…
Le premier argument c’est “+ de congés” mais pas, genre un jour ou deux, non. C’est deux semaines vu mon expérience ! Je ne peux pas le nier, je ne m’y attendais pas et c’est une sacrée bonne surprise. Ecoutons quand même la suite.
Deuxième argument, c’est la transparence avec une grille salariale ouverte et inscrite dans les contrats. Elle est ouverte aussi bien aux salariés qu’aux clients. Bon… C’est probablement bien, mais moi ça ne m’arrange pas tant que ça. J’aime bien être mieux payé que mes collègues. D’un oeil morne et poli, je mate la grille que me tend Guillaume. Surprise ! J’ai le même salaire confortable que mon dernier poste en plus des deux semaines de congés supplémentaires. L’oeil morne et poli devient ardent et calculateur ! Tant pis pour la crise d’égo, je la soignerai autrement.
Le troisième argument c’est une journée entière tous les deux mois où on est déstaffé pour discuter, pairer entre nous, une « journée de communauté » on appelle ça. Il parait que c’est important pour certains. Moi, bof. Je n’ai plus 25 ans et ça ne m’amuse plus d’écouter les “worst of” de mission des uns et des autres. En revanche, ce qui me plaît c’est que les mecs qui sont déjà là, je les connais pour la plupart, je les apprécie et ils sont plus intéressant qu’ils ne débitent des anecdotes élimées. Ce qui n’est pas fréquent dans le monde de l’IT. En plus, ça fait sortir de son environnement routinier de mission, ça rappelle les problématiques générales de l’informatique quand on est concentré uniquement sur ses galères chez le client, ça ouvre l’esprit et ça fait confronter les points de vue. Enfin, moi qui crains un peu la solitude du freelance, là c’est l’antidote souverain ! Réflexion faite, c’est bien cool cette journée communauté.
Les arguments qui suivent sont bien plus classiques : choix des missions, craftsmanship, partage etc, etc… Ok, c’est toujours bien de le dire, mais les deux, je les connais, je sais qu’ils savent quand même de quoi ils parlent.
Simuler pour comprendre
Pour en revenir à la déballe commerciale de Guillaume et Jonathan (qui entre temps est passé chez le barbier. Guillaume, je crois, n’en a pas besoin), il y a quand même un truc que j’ai pas bien capté concernant la grille salariale. J’ai besoin d’en savoir un peu plus.
De ce que j’ai compris, en fonction de son taux de facturation, on peut avoir plus ou moins de congés et plus ou moins de primes. Je pose la question et ils me répondent “mais ouais frère, c’est exactement ça”. Alors là, malaise… Manque plus que l’un d’eux dise “t’as vu” ou bien “vas-y, j’ai pas le temps” et je me casse.
Mais non, à ce moment-là, ils m’expliquent qu’en fonction du nombre d’années d’expérience d’un quidam, un salaire et un seuil de rentabilité sont fixés. Tout ce qui dépasse, reviendra au quidam consultant. C’est le quidam consultant qui pourra décider s’il préfère plus de farniente ou plus de blé, ou autant des deux. Diantre !!! Quelle avancée !!! Chaque salarié peut décider chaque année d’orienter sa marge comme bon lui semble. Bon moi, tant que je ne divorce pas, à mon avis, je prendrai un maximum de congés, mais après, on ne sait pas, n’est-ce pas ? J’en profite pour jouer avec le simulateur issu de la grille salariale et je commence à simuler, simuler, simuler (financièrement bien entendu).
Je m’électrise, simulation après simulation*. Elles sont toutes plus fabuleuses les unes que les autres. Je prends chaud, il n’y a plus rien à boire. C’est le moment de s’en aller et de réfléchir dans la douce nuit parisienne en chevauchant mon vélo voilé*.
*Aujourd’hui, un « Shomulator » (simulateur Shodo) a été développé par nos Shodoers, Yann Danot et Jordan Nourry ! Grâce à eux, à présent, tout le monde peut simuler !
Après avoir quitté mes deux amis (après quelques bières, bien sûr qu’on est ami), je suis encore dans mon idée de devenir indépendant, pour me tester moi, pour faire les choses exactement comme j’ai envie de les faire. Mais leur démonstration n’est quand même pas tombée sur l’orteil d’un sourd.
Le temps de la réflexion
Août. Mois de vacances, de sable, de famille, de copains et de prise de recul. Je pars tout le mois. Je me rends compte (pour la 5e année consécutive) que je ne sais même pas envoyer une carte postale à ma Grand-Mère. Alors comment vais-je me débrouiller avec la compta ?… Sérieusement, ça risque de me coûter cher ça. En temps, en argent et en redressement. Parallèlement, je comprends enfin cette histoire de modèle alternatif à l’indépendance. Je ne l’avais pas bien captée cette partie, épaté que j’étais par les congés payés supplémentaires. En plus, derrière les mots “transparence”, “grille salariale” etc., je n’avais pas compris la différence fondamentale entre SHODO et le système classique des ESN.
Dans une ESN classique, tu dois négocier tous les avantages possibles pour te retrouver au plus près de la marge minimum acceptable décidée par le patron (entre 30 et 40% de manière générale). Marge qui est inconnue du consultant. Et tout ce que tu pourras gagner en plus, sera pour le patron. Ce qui inocule** parfois l’impression d’être un mouton très très laineux qui se fait tondre régulièrement. Chez SHODO, le principe est inversé. À partir de la facturation, ils prélèvent les 15% décidés à la création de la société et reversent tout le reste au salarié. C’est à dire, que dès le départ on te reverse le maximum de ce que tu peux toucher. En plus c’est vérifiable parce que les chiffres sont inscrits au contrat. C’est à dire qu’entre la mission à 750€/jour et la mission à 680€/jour, les patrons de SHODO ne toucheront rien de plus, il n’y a que toi consultant qui constatera la différence. Et ça c’est quand même super de pouvoir se décider seul sans que personne d’autre que soi n’en supporte les conséquences. Tu prends le fichier excel, tu rentres ton niveau d’expérience, ton TJM et tu regardes ce à quoi tu as le droit et tu fais en fonction. Tu n’es pas obligé de demander la permission à papa, maman.
L’avantage de l’indépendance, le confort du salariat
L’été a avancé et les idées se sont affinées. Affirmées même. D’un côté chez SHODO, le parti pris est de donner directement le maximum au consultant, c’est explicite dans le contrat. Pas besoin de négocier, il suffit juste de décider et s’organiser. C’est le côté cool de l’indépendance. De l’autre, SHODO résout mes principaux griefs contre le modèle classique des ESN, ceux qui me poussaient à devenir indépendant. Enfin, SHODO apporte ce que j’apprécie dans le monde du salariat : pas de paperasse et des collègues. Le beurre et l’argent du beurre ?
Je ne dis pas que je ne serai jamais indépendant (un autre jour ? une autre vie ?), mais aujourd’hui, mon choix est sans équivoque, c’est avec SHODO que je vais signer.
Article rédigé par Raphaël SQUELBUT
*double allitération labiale et dentale pour ceux que ça intéresse. Et pour ceux qui aiment lire jusqu’au bout, sachez qu’au guidon de mon vélo voilé, j’ai subi, en baguenaudant par le bois de Vincennes, un coup bas d’une basse branche. Allitération labiale à nouveau.
** ce mot n’est pas choisi au hasard 😉